Les transports dans le bassin minier

De Politis 62
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Objectifs

Les objectifs sont finalement assez simples. Il s'agit de :

  • réduire la place de la voiture dans le bassin minier. La voiture et la ville ne font pas bon ménage. En moins de 30 ans, les voitures ont envahi le bassin minier. Elles prennent de la place dans les rues, dans les parkings. La voiture, c'est dangereux, pour les piétons, pour les deux roues. La voiture c'est dangereux pour la santé mentale : quand on est au volant, on se croit tout puissant, on n'a plus de limites, et c'est encore plus vrai quand on a un 4x4  :-( La voiture détruit l'environnement. La voiture étouffe nos villes. Et puis, la voiture c'est le symbole de notre société de consommation, c'est le symbole de l'économie capitaliste. Les plus grands annonceurs publicitaires sont les fabricants de voitures. On les retrouve tous dans les sociétés du CAC40. Il y a trente ans, ils voulaient nous vendre une voiture par famille. Il y a quinze ans, ils ont voulu nous vendre deux voitures par famille. Aujourd'hui, ils veulent que chaque membre de la famille, sitôt ses 18 ans, ait sa propre auto.
  • se réapproprier la ville. Imaginez le bassin minier sans voiture, silencieux, des arbres à la place du stationnement, des trottoirs fleuris, des parcs, des espaces verts, un bassin minier plein de cyclistes et de piétons, où les habitants se réapproprient l'espace public et peuvent enfin réouvrir leurs fenêtres pour savourer la tranquillité, respirer un air sain et découvrir ses voisin(e)s. Partager des modes de transport avec d'autres, c'est à la fois mutualiser des moyens collectifs, et réapprendre à échanger et se tourner vers les autres, faire oeuvre de convivialité, alors que tout (et notamment la voiture) nous pousse à l'individualisme, si ce n'est à l'égoïsme. Rappelons nous enfin que le bassin minier a déjà connu et le tramway, et le chemin de fer, et que leur abandon est le fruit de choix politiques en faveur de l'automobile et de l'individualisme, au détriment des transports collectifs.

Moyens

À moyen terme

Pour tout ça, bien sûr, il faut développer les transports en commun, les transports collectifs. La presse s'est fait l'écho de plusieurs projets, à l'échelle de la région Nord Pas-de-Calais :

  • Pour 2013 : une ligne de tramway entre Bruay-la-Buissière et Béthune.
  • Pour 2013 : une ligne de tramway entre Liévin et Hénin-Beaumont (via Lens).
  • Un tram-train entre le bassin-minier et Lille.

Bon admettons : c'est un premier pas, positif. Précisons quand même que, pour que ça aboutisse en 2013 (dans 5 ans), il serait souhaitable que l'on nous présente rapidement des projets plus concrets, les tracés des tramways, notamment.

Tout de suite

Profitons de toute cette bonne volonté dans la construction de nouvelles lignes de transport, pour réaffirmer qu'il est d'ores et déjà possible, dès aujourd'hui, sans attendre 2013, de changer d'échelle dans la réalisation d'une politique réellement nouvelle en matière de transports en commun. Typiquement, si l'on veut opérer un saut qualitatif réel, il doit être plus « intéressant » de prendre les transports en commun que de prendre la voiture, pour aller au lycée, au travail, à l'entrainement sportif, en sortie... Et pour cela, il convient de mettre en place les mesures suivantes :

  • gratuité de tous les transports en commun du bassin minier, pour tous les habitant(e)s : enfants, jeunes, travailleurs, demandeurs d'emploi. Seul critère requis : habiter le territoire. Cette gratuité est un élément indispensable pour inverser la tendance, et passer du tout voiture au tout transport en commun.
  • plus grande amplitude horaire pour le passage des bus, y compris le dimanche. Aujourd'hui, essayez de prendre un train le dimanche, en gare de Lens : dans la plupart des villes du bassin minier il vous faudra soit prendre la voiture, soit vous faire conduire. Quant aux soirées culturelles, ou aux sorties chez des amis, en semaine, passé 20 heures Tadao n'est plus votre ami :-( L'amplitude horaire des bus est le deuxième critère, décisif, qui peut permettre de gagner la bataille des transports en commun. Et c'est un critère qui ne nécessite pas de nouvelles constructions de lignes. Bien sûr, il faudra des moyens supplémentaires, embaucher des chauffeurs, renouveler le parc des autobus plus souvent... C'est bien pour cela que c'est une décision politique, qui doit être prise comme telle : en pleine responsabilité, avec la ferme volonté de réellement changer la vie des habitant(e)s du bassin minier.
  • fréquences de passage des bus resserrées. Ou tout au moins de la plupart des bus. Certaines lignes circulent tous les 1/4 h. C'est bien. Ça s'apparente effectivement à ce que sont les lignes de RER (rappelons quand même que les métros circulent toutes les trois ou quatre minutes). Par contre, d'autres lignes circulent toutes les 1/2 h, d'autres toutes les heures, et, enfin, certaines lignes circulent 2 fois par jour. Évidemment, vous me direz que ces lignes ne sont pas très fréquentées, et que c'est pour ça qu'on ne peut pas se permettre de les faire circuler tous les 1/4 h ... Et si on renversait le problème ? Allez, je vous parie que si toutes ces lignes circulaient tous les 1/4 h, tôt le matin, tard le soir, y compris le week-end, et tout ça gratuitement, la fréquentation augmenterait, et de manière significative ;-)

En fait il s'agit de revoir la conception des réseaux Tadao. Avec les lignes d'aujourd'hui, imaginons un réseau qui s'apparente à ce qu'est le métro sur Lille, ou le RER sur la région parisienne.

Quelques exemples pour illustrer les aspects de l'amplitude horaire et de la fréquence : Exemples de parcours en bus

Par ailleurs

Au travers des Exemples de parcours en bus, on a démontré la nécessité de modifier l'amplitude et la fréquence.

Ceci dit, il est évident que certaines villes ne peuvent être reliées qu'au travers de 2 correspondances. Une solution consiste à imaginer des "dorsales" rapides, circulant toutes les 5 ou 10 minutes, et reliant les principaux noeuds du territoire, comme le fait la ligne Bulle. Dans le même esprit, on doit pouvoir imaginer de quadriller le territoire, avec quelques autres dorsales significatives.