Rroms
En octobre 2009, nous avions eu l'occasion d'évoquer la situation des Rroms, en particulier à Hénin-Beaumont. Voir notre article : Agir avec les Roms bassin minier.
Fin 2010 - début 2011, il semblerait que les flonflons des fêtes de fin d'année n'aient en rien dissimulé une réalité qui à l'évidence empire. Les pouvoirs publics, de toute nature, se renvoient la patate chaude. Il ne fait pas bon être Rrom en France, dans le bassin minier, alors que le fond de l'air est brun, et que la classe politique, toutes sensibilités confondues, embrasse chaleureusement les thématiques sécuritaires, au détriment de l'autre, l'étranger, le différent....
Le plus simple, c'est sans aucun doute qu'on ne leur laisse pas l'initiative, et qu'on s'occupe nous-mêmes de la question. Bref, les Rroms sont nos frères/nos soeurs, et la famille, c'est bien connu, c'est sacré...
Pour l'heure, nous reproduisons un appel qui commence à circuler dans différents réseaux, en ce début 2011. À l'évidence, il y aura des suites....
Pas la chance d'être nées au bon endroit... Florida, Paola et Héléna attendent un bébé. Elles survivent dans un cloaque fait de vieilles caravanes percées, cachées entre le terril et le canal, quasiment au bout de notre rue. T. (...) a rencontré Florida dans la rue et l'a accompagnée à l'hôpital. Le médecin signale que le bébé, qui devrait faire 2kg n'en fait que 1,6. Florida, Paola et Héléna cuisinent sur un réchaud à gaz. Cela tempère l'habitacle, sauf que, en ce moment, il n'y a plus de sous pour acheter du gaz. Le peu que les hommes récupèrent en faisant la manche sert à acheter de quoi ne pas complètement mourir de faim. Vous savez, ces hommes qui nous guident dans les parkings de Lens (mairie, République, ...). Pour ma part, jusqu'à présent cela avait tendance à m'agaçer qu'ils s'imposent à moi sans que je leur aie rien demandé. Florida, Paola et Héléna savent que sans eau, il n'y a pas de vie. Elles n'ont pas fait de grandes études pour cela. Mais comme elles sont à plusieurs kilomètres d'un point d'eau potable, d'ailleurs souvent inutilisable ces jours-ci, elles savent de quoi elles parlent. Florida, Paola et Héléna pensent que leurs enfants ne seront pas plus instruits. Normal, puisque les communes du secteur refusent de les scolariser. Florida, Paola et Héléna s'imaginent qu'être soigné est un privilège. Que tout le monde n'y a pas droit. Elles ne comprennent pas nos dénégations : leur expérience leur prouve quand même le contraire. Florida, Paola et Héléna se demandent comment elles nourriront leurs enfants. Les restos du coeur du coin leur ont dit qu'ils étaient là pour aider les Français. Qu'on verra ce qu'il reste à la fin de la distribution. Par bonheur, ce jour-là, il restait des pâtes. Florida, Paola et Héléna s'inquiètent de savoir où grandiront leurs enfants. Leur groupe a été chassé du terrain où ils étaient cette année (Harnes) et s'est retrouvé dans une autre commune (Sallaumines) d'où ils ont été chassés à nouveau le 23 décembre pour revenir sur le territoire de Harnes. Ils n'ont pas de voiture et doivent louer les services d'un "bienfaiteur" pour déplacer leurs vieilles bicoques sur roues : 10€ par caravane. Florida, Paola et Héléna sont nées dans un cloaque en Roumanie. Ce sont des Rroms. C'est-à-dire de la vermine. Enfin, c'est comme cela qu'on les considère. Là-bas. Et ici aussi. Tout le monde cherche comment s'en débarrasser : les maires de gauche, notre président de droite. Pourtant "Rrom" signifie "être humain" dans leur langue, le rromani. Florida, Paola et Héléna n'avaient pas demandé à naître. Nous non plus d'ailleurs ;-) . Mais nous, nous avons eu la chance d'être nés au bon endroit. Pas elles. Je sais bien qu'on ne peut pas "partager notre chance d'être nés au bon endroit" avec tout le monde (...) Mais je vous propose de "faire un peu" pour Florida, Paola et Héléna, les 6 enfants du camp, et les quelques autres adultes qui survivent là. Plusieurs "peu" sont le début de beaucoup. En informant autour de nous et en sollicitant nos réseaux. De quoi ont-ils besoin : * de nourriture --> ils mangent comme nous mais pas de poisson. Le luxe pour les enfants : des biscuits (c'est ce qu'ils avaient demandé pour Noël à leurs parents). * d'eau et de jerricanes alimentaires * de gaz --> on peut leur porter une bouteille (et on repart avec une bouteille vide), ou on leur donne de quoi en acheter * de bonnets, gants, écharpes, bottes fourrées * de couvertures * d'accompagnement pour régler les papiers nécessaires aux futures mamans, le suivi médical pour tous, la scolarisation des mômes, la rencontre avec les associations humanitaires qui pourraient les dépanner en nourriture, médicaments et vêtements * de mobilisation pour empêcher qu'on les chasse à nouveau