Besson à Liévin : boycott et manif !

De Politis 62
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Besson à Liévin, le 13 janvier

La presse locale vient de l'annoncer :

Éric Besson à Liévin le 13 janvier pour un débat sur l'identité nationale

Le débat sur l'identité nationale de l'arrondissement de Lens se tiendra mercredi 13, 
à 20 h 45, à l'amphithéâtre du stade couvert de Liévin.

Le ministre de l'Identité nationale, Éric Besson, y participera. Autour de la table 
des débats, on trouvera l'ancien journaliste, ancien ministre et actuel président du
Crédit mutuel nord Philippe Vasseur qui animera les débats, un ancien joueur de foot
à Lens (Eric Sikora), une chercheuse en sciences sociales (Marion Fontaine), un homme
d'église (Mgr Jean-Paul Jaeger, évêque d'Arras), un universitaire (José Savoye, 
président de Lille 2) et le président du conseil régional (Daniel Percheron).

Comme tout ça a l'air mignon, bien policé, entre gens de bonne compagnie... La réalité est sensiblement différente :


Ce débat pue ! On n'en veut pas à Liévin !

L'objectif de ce grand débat national est double :

  • Détourner l'attention de la population : « Quand tout va mal, en France, que fait-on ? Quand le chômage explose, que les suicides se multiplient dans les entreprises, que les scandales se succèdent en haut lieu, que les mensonges d’État rendent incrédule la Terre entière, que la discorde s’insinue jusque dans les antichambres du pouvoir, que fait-on ? Eh bien, on ouvre un « grand débat sur l’identité nationale ». Ou, si vous préférez, on s’en prend aux Arabes. Je sais bien, il ne faut pas le dire ainsi, ni aussi crûment. D’autant plus que les « Arabes » sont aujourd’hui parfois maliens ou roms ou afghans… Mais, au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit. (...) Éric Besson entreprend une opération de diversion somme toute classique. On se souvient de la douloureuse affaire du voile islamique en 2003 et 2004. Encore avait-on circonscrit l’offensive à l’école. L’entreprise, cette fois, est de plus grande ampleur. Il ne s’agit plus de faire la leçon à quelques adolescentes, mais d’apprendre à être de bons Français à des femmes et des hommes de tous âges, et souvent éprouvés par la vie. Le débat, nous dit-on, sera alimenté par un rapport parlementaire sur le « respect des symboles de la République ». Le ministère de M. Besson précise que la question « Qu’est-ce qu’être Français aujourd’hui ? » devra être posée « à chacun ». (Denis Sieffert - Politis 29 Octobre 2009)
  • Définir la norme de la société : « les analogies thématiques avec le pétainisme, que l’on pourrait résumer ainsi : la répression de tout ce qui n’appartient pas à la norme supposée consensuelle de notre société, aussi bien dans le rapport au travail qu’aux mœurs, ou à la morale. Depuis le mois de juin, cette norme s’est encore resserrée. C’est l’objectif du sinistre débat sur l’identité nationale. Les domaines de la culture, au sens large, et de la religion, et derrière cela de l’origine ethnique, sont clairement visés. Et avec un tel acharnement que cette définition évidemment chimérique ne peut se dessiner que dans la haine et l’exclusion. (...) Le sarkozysme, c’est aussi et peut-être surtout une politique de classe extrême. Une politique antisociale qui ne tente même plus de faire illusion dans le rôle arbitral que la tradition démocratique confère à l’État, et qui cherche à étouffer toute conflictualité. D’où la violence de ce que Nicolas Sarkozy appelle ses « réformes », et qui vont toutes dans le sens de la destruction des structures sociales. Les attaques contre la Fonction publique qui seront à l’ordre du jour des prochaines semaines illustreront hélas cet aspect. Cela aussi évoque quelques parentés avec le pétainisme. Autant que la référence permanente à l’enracinement identitaire dans le terroir. » (Denis Sieffert - Politis 7 Janvier 2010)

Par ailleurs, l'arrivée de Besson à Liévin coïncide avec le moment où ce débat donne lieu à plusieurs dérapages, à l'origine desquels on trouve plusieurs ministres. Il semble bien qu'un autre objectif de Sarkozy-Besson c'est d'ouvrir la boîte de Pandore lepeniste. À quelques semaines des élections régionales, toutes les voix comptent, fut-ce au prix des calculs les plus nauséabonds.


Qu'allez-vous faire dans cette galère ?

Qui peut croire une seule seconde à la sincérité d'un tel débat ? La question vaut notamment pour Jean-Paul Jaeger, évêque d'Arras, et Daniel Percheron, président du conseil régional. Quel besoin d'apporter un semblant de caution à une telle mascarade ? Et qu'on ne nous ressorte pas l'argument comme quoi les idées progressent par la confrontation... Pas dans ce cas, pas avec Sarkozy-Besson, pas sur les thématiques de l'extrème droite.

La seule vraie bonne réponse est double : c'est le boycott et la manif !

  • On ne nous verra pas dans la salle. De toute façon, il faut au préalable s'inscrire en préfecture (bonjour le fichage). De toute façon, ils ne nous laisseront pas entrer.
  • Par contre, on sera à l'entrée, avec nos banderolles et nos tracts. Rejoignez-nous nombreux !


Les premières réactions

JP :

Sur  le fond, ce débat est bidon et se barre en eau de boudin (mes excuses au boudin lol)
car à part servir la soupe aux idées de l'extrême droite je ne lui vois aucune légitimité.
Mon point de vue est que notre référence identitaire, qui pour moi n'est pas que nationale,
se construit par l'histoire personnelle de chacun inscrite dans l'Histoire collective qui
forge tous les jours les valeurs de notre société. Monsieur Besson n'y changera rien avec
un "examen de bonne identité" comme bonne conduite. J'ai davantage confiance dans le 
mouvement social contradictoire porteur d'échange et de métissage des cultures qui s'est
fait, se fait et se fera, ... sans lui. Ce débat me paraît à contre courant de l'évolution
vers la reconnaissance de valeurs universelles planétaires.
Donc pour moi, pas de temps à perdre.

Un militant de Fraternité Migrants :

Personnellement, je préfèrerai être hors sujet et lui mettre sous le nez la banderolle 
"Camp Besson", ça c'est du présent concret conjugué à la rigueur de l'hiver.

 Il ne faut pas rester passif et laisser se dérouler ce débat sans réagir, alors qu'une
trentaine d'êtres humains tentent de survivre  dans les bois  à quelques kilomêtres de
là pendant que des "Français bien pensants" papotent.

LL :

J'y serai mais à la sortie pour distribuer un tract politique. Nous avons choisi de 
"boycotter" le débat et d'exprimer notre désaccord sur cette forme d'organisation. 
Ce débat et l'orientation qu'il va prendre pue ! Combien, d'étrangers sont "morts pour
la France" ? Combien d'étrangers se sont tués au travail dans des boulots durs et encore
maintenant ? Ce qui d'ailleurs ne leur a pas permis d'acquérir le droit de vote.
Faire ressurgir les démons de la haine et détourner l'attention des Français : deux coups 
en un !


Les flics, comme d'habitude...

Un militant de Fraternité Migrants nous communique : Un flic des RG m'a appelé ce jour pour savoir comment nous nous situions. Il est chargé par le Préfet de contacter les associations.


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