Un business pas bien bio

De Politis 62
Révision datée du 21 mars 2009 à 19:28 par Politis62 (discussion | contributions) (Nouvelle page : '''Garant de la bio en France, l’organisme de certification Ecocert est devenu une grande entreprise sur un marché en progression. Au prix de dérives et d’un franc malaise soci...)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à : navigation, rechercher

Garant de la bio en France, l’organisme de certification Ecocert est devenu une grande entreprise sur un marché en progression. Au prix de dérives et d’un franc malaise social.

Un article de Manon Loubet et Thierry Brun, paru dans Politis n° 1043, le 12 mars 2009

L’engouement pour la bio ne se dément pas, même en temps de crise. Alors que près d’un Français sur deux consomme des produits biologiques (d’après un baromètre réalisé par l’Agence bio en collaboration avec le CSA en 2007), le monde des organismes de certification bio est devenu un vrai business, avec des chiffres d’affaires aux marges de progression enviées. De nombreuses entreprises comme Ecocert, Qualité-France, Agrocert, l’Association française de qualité ou encore Certipaq veillent à ce que les agriculteurs bios respectent les réglementations en vigueur. Elles délivrent notamment l’indispensable label AB – la certification bio –, un précieux repère pour les consommateurs et les grandes marques alimentaires. Et ces organismes de contrôle sont eux-mêmes inspectés par le ministère de l’Agriculture, via le Comité français d’accréditation (Cofrac).

Dans ce monde très concurrentiel, Ecocert est l’organisme le plus connu : l’entreprise privée occupe 70 % du marché national de la certification bio. Né il y a dix-sept ans de l’Association des conseillers en agriculture biologique, Ecocert est maintenant un groupe international avec une société mère installée en France. « Nous sommes présents dans près de 18 pays », explique Julie Basdevant, la chargée de communication d’Ecocert. « C’est devenu une multinationale, observe Gérard (les prénoms ont été changés à la demande des salariés et des ex-salariés), un ancien salarié. Et c’est très loin de ce qu’Ecocert était au début, une petite association de militants écolos. » Dès 1995, Ecocert se développe en Allemagne, au Portugal, à Madagascar, en Turquie, au Burkina Faso… La liste est longue. Et cette expansion pose parfois des problèmes.

Des dérives ont été observées ces derniers mois, concernant notamment des cosmétiques : des anomalies sont révélées dans une enquête du mensuel de l’association de consommateurs Que choisir (septembre 2008). Un procès est intenté « à des organismes certificateurs tels qu’Oasis ou Ecocert pour l’emploi dévoyé de la mention “biologique” ». Plus précisément, le 27 mai 2008, All One God Faith, une firme californienne spécialisée dans les cosmétiques bios, et une association de consommateurs américains, Organic Consumers Association, portent plainte contre la filiale américaine d’Ecocert. « Les produits cosmétiques étiquetés 100 % bio ne contiennent pas que des substances biologiques mais comprennent aussi des agents pétrochimiques », peut-on lire dans le document que Politis s’est procuré. Ecocert ne souhaite pas s’étendre sur le sujet : «  L’affaire est en cours, nous ne pouvons en parler », se défend la direction.