Véolia boit la tasse

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Un article de Patrick Piro, paru dans Politis le jeudi 11 décembre 2008.

C’est gagnable ! À la veille d’un référendum décisif sur le mode de gestion de l’eau en Île-de-France, les élus opposés à la reconduction d’un délégataire privé y croyaient. Alors que Veolia tient la place depuis 1923 et que pleuvent les critiques, c’est sur cette unique option que devaient se prononcer, jeudi 11 décembre, les délégués des 142 communes et collectivités du Syndicat des eaux de l’Île-de-France (Sedif). Or, depuis un mois et demi, André Santini (Nouveau Centre), président du Sedif et chantre du privé, perd du terrain à vue d’œil. Le 23 octobre, le bureau du syndicat, accoutumé à une soporifique unanimité, enregistre deux « non » (PS) et deux abstentions (PC). Appuyée par une campagne de conférences dans toute la région, une pétition en faveur d’une régie publique de l’eau (comme à Paris) recueille 700 signatures d’élus franciliens. Le 1er décembre, nouveau camouflet pour Santini : la Commission consultative des services publics locaux le désavoue, par 6 voix contre 5 – dont celle d’un élu de droite…

De nombreuses municipalités de gauche délibèrent contre la reconduction d’un délégataire privé, ainsi que tout le PS, les Verts, le MRC et même le PC, longtemps solidaire de Santini au nom d’accords de réciprocité. Et les trois municipalités du Sedif tenues par le MoDem pourraient rejoindre l’opposition, selon Marielle de Sarnez, numéro deux du parti. La gauche (66 délégués) pouvait alors espérer rallier l’une des trois municipalités « sans étiquette », voire des délégués de droite, pour réussir un pari très improbable il y a seulement quelques semaines. Un point de non-retour a de toute façon été atteint, estime Christian Métairie (Gauche citoyenne, 1er adjoint d’Arcueil). « Pendant des années, on a fait voter au Sedif un budget de plus de 300 millions d’euros en quelques minutes, c’est terminé… » Et, nouveauté notable sur un territoire français où la concurrence se partage soigneusement le gâteau, les deux autres multinationales françaises de l’eau, Saur et surtout Suez, très agressive, montrent leurs ambitions sur le marché francilien, le plus important de France (et peut-être d’Europe). Veolia, déjà évincée de Paris (comme Suez), menace d’en déménager son siège social, « et courtise des municipalités périphériques… de gauche », révèle Dominique Voynet, maire verte de Montreuil. Dans l’espoir de sauver son contrat avec le Sedif, joyau de son empire international.