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+ | centre social, épicerie solidaire, amicale laïque,'' | ||
+ | constate Ludovic Mamdy, ''il faut des compétences sociocuturelles ou concernant l'alimentation et la précarité. »'' | ||
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+ | '''PHILIPPE CHIBANI-JACQUOT''' |
Version du 29 novembre 2008 à 21:31
À Romans-sur-Isère, en Rhône-Alpes, deux maisons de quartier développent des Amap, facteur de lien et de consommation citoyenne pour une population aux revenus modestes.
Loin des « Boboland », les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap) se développent aussi dans les quartiers populaires. Ces systèmes de production et de distribution originaux, qui mettent en relation des agriculteurs et des consommateurs, trouvent un écho au sein des maisons de quartier et autres centres sociaux. À Romans-sur-Isère, notamment, où le désir de consommation alternative rencontre la nécessité, pour des foyers populaires, de trouver des parades à la perte de pouvoir d'achat. « Je suis mariée, j'ai trois enfants, et nous avons 2 000 euros par mois pour vivre, allocations familiales comprises », résume Delphine Buenerd. Elle est membre de La Ferme du Chapitre, créée par des usagers de la maison de quartier Saint-Nicolas dans le centre-ville populaire. Ils sont une trentaine de membres. « En général, mon panier bio à 15 euros me suffit pour la semaine. » Mais en saison hivernale, lorsque la distribution est interrompue, elle se fournit au marché. « Je me retrouve à acheter plus et pour plus cher. Finalement, avec l'Amap, je mange mieux », constate la jeune femme.
« Les prix sont potentiellement moins élevés que dans d'autres circuits pour des produits équivalents », affirme Ludovic Mamdy, coordinateur des Amap en Rhône-Alpes. La sécurité de l'apport financier pour le producteur, l'absence d'emballage, l'absence de perte de production et la relation directe au consommateur permettent de réduire les coûts. À la maison de quartier Saint-Nicolas, comme à la maison de quartier Coluche, au nord de la ville, la composition des paniers est calculée sur la base du prix de gros de l'agriculture biologique.
Et il y a la convivialité. Dès les beaux jours, la distribution hebdomadaire a lieu sur la place en face de la maison de quartier Saint-Nicolas, à l'ombre des platanes. « Ça me fait pen- ser à la place du marché le dimanche, l'argent en moins puisqu'on paye le producteur à l'avance, tous les deux mois, explique Sonia Margaron, la secrétaire de La Ferme du Chapitre, les gens discutent, échangent des recettes. » Plus sympathique que de se donner rendez-vous au supermarché, à la Maison Coluche, un apéro et une dégustation de produits accompagnent souvent la distribution, car cette Amap, tout comme celle de Saint-Nicolas, ne s'arrête pas aux fruits et légumes. Des contrats ont été passés avec un éleveur de poulets, producteur d'oeufs et de fromage. Et la charcuterie devrait faire son apparition.
La vocation sociale de ces maisons de quartier (participation des habitants, offre de loisirs, accompagnement social des familles) pousse les Amap nées en leur sein à aller plus loin. « Nous faisons déjà des demi-paniers pour les rendre plus accessibles. Mais cela paraissait encore trop cher à certains », explique Andrée Charvin, membre du collectif Amap de la Maison Coluche. Cette année, un quota de paniers solidaires, payés par des subventions et de l'autofinancement (vente de crêpes lors du carnaval), doit bénéficier à des familles en situation de grande précarité. « Dans certains foyers, on n'a plus l'habitude de cuisiner des légumes », regrette Stéphane Delunel, salarié et amapien à la maison de quartier Coluche. L'Amap, alliée au centre social, devient alors un dispositif supplémentaire recréant le lien avec des familles isolées à travers un retour à la diversité alimentaire.
À la maison de quartier Saint-Nicolas, une autre solution a prévalu : appliquer le système du quotient familial à la tarification de quelques paniers. Ce dispositif public permet de pondérer le coût des activités du centre social en fonction des revenus du foyer, une subvention des organismes sociaux complétant la rémunération du centre. « On devrait toucher 20 familles cette année », explique Francis Maquin, le directeur. Et lui qui a mis en place un système de monnaie sociale, les « tic-tac », pour payer certaines activités se pose déjà la question pour l'Amap : « Qu'est-ce qu'on peut payer au producteur qui ne soit pas de l'ordre du financier ? » Les « tic-tac » sont accumulés par les usagers lors- qu'ils se rendent au centre social, passent des heures de bénévolat, contribuent au sacro-saint café dont on trouve toujours une tasse chaude pour celui qui passe.
L'Amap de la Maison Coluche a déjà posé la question de la contribution des producteurs à ces paniers solidaires. « Nous réfléchissons à des coups de main supplémentaires donnés au producteur afin qu'il envisage une contrepartie, explique Stéphane Delunel. Ainsi, l'éleveur de poulets s'est engagé à ajouter des ailerons gra- tuitement dans les paniers solidaires. »
Sur la centaine d'Amap créées depuis 2004 en Rhône-Alpes, une douzaine développent de tels systèmes afin de faciliter l'accès à des produits alimentaires de qualité. « Toutes sont adossées à une association du type centre social, épicerie solidaire, amicale laïque, constate Ludovic Mamdy, il faut des compétences sociocuturelles ou concernant l'alimentation et la précarité. »
PHILIPPE CHIBANI-JACQUOT