Violente expulsion des Rroms de Dourges

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* Violente expulsion des Rroms de Dourges
* 2eme expulsion des Rroms de Dourges
* Marche pour les Rroms

11 avril 2011

Dans le bassin minier du Pas-de-Calais, la gauche est en lambeaux. C'est un territoire dans lequel elle détient toutes les institutions. Toutes les municipalités sont de gauche. Les deux agglomérations, Lens-Liévin (CALL) et Hénin-Carvin (CAHC) sont dirigées par le parti socialiste. Et pourtant .... Cette hégémonie est ici synonyme de perte de repères, absence de boussole, collusion avec les politiques les plus réactionnaires de l'État, etc...

On en a encore eu une démonstration, violente, ce lundi 11 avril 2011. Rappelons brièvement les faits :

• Fin février, la communauté Hénin Carvin, et son président Jean-Pierre Corbisez demandent l'expulsion des rroms du terrain qu'ils occupent, à Dourges. Les expulser pour où ? La question n'est pas abordée. Cette gauche là, Monsieur, est une gauche de l'efficacité, qui ne s'embarasse pas de ces questions humanitaires.
• Le 21 mars, une délégation de notre collectif Fraternité Rroms est reçue par Jean-Pierre Corbisez. C'est une réunion magnifique, dans laquelle les marques de sympathie de Jean-Pierre Corbisez sont touchantes :
  • Il se déclare intéressé par l'expérience menée par la communauté urbaine de Lille, avec le collectif fraternité roms lillois.
  • Il indique ne pas être informé de la fin de la mission d'accompagnement de l'AREAS (une structure qui prend en charge l'accueil des rroms)
  • Il propose que la CAHC dote l'AREAS de 20.000€ pour poursuivre sa mission
  • Il envisage d'organiser une rencontre avec la commission habitat pour voir les solutions à envisager pour les rroms
• Pendant ce temps, la justice ordonnait l'expulsion....
• Pendant ce temps, la préfecture attendait sagement la fin des élections cantonales

Ce 11 avril 2011, la CAHC, son président, ont montré leur vrai visage : celui de bons et zélés gestionnaires, pour lesquels les Rroms sont une réalité abstraite, dépourvue d'humanité. Ces familles, ces enfants, ce sont des abstractions. Ils sont sur un terrain qui ne leur appartient pas : Virons les. CAHC, Corbisez, Préfecture, État, Sarkozy, Guéant... même combat ! tant pis pour les rroms !

Police partout - Justice nulle part

Les témoignages

E.

Je viens de quitter le campement de Dourges. La police y est encore. Les pelleteuses continuent de démolir des 
caravanes. Une benne ramasse les affaires.
C'est triste à pleurer. D'ailleurs Hélène Flautre Députée européenne, a pleuré.
Nous étions une dizaine de bénévoles à saluer de la main les Rroms évaqués dans 8 grosses voitures de la police.
Une barrière de policiers et de motos nous empêchaient de nous approcher.
Les caravanes et voitures ont été embarquées, sauf 2 qui ont été déposées à proximité et où restent 3 femmes et
une dizaine de jeunes enfants. Le commissaire de Lens, en charge de l'opération, a dit que dès la libération des maris
ils doivent prendre la route.
FR3 est resté longtemps. Nord Eclair est venu aussi. La Voix n'a pas daigné se déplacer (ne l'achetez plus: elle
 est déjà vendue!)
L'ancien maire de Dourges est venu par sympathie et pour s'indigner.
Le Père Arthur de Lille aussi. Il a accompagné Hélène au RV à la Communauté d'Agglo. La présence de P. et F. (deux
membres du collectif  Fraternité Rroms) a été refusée.
Les RG sont venus aux nouvelles.
Ils ont vanté Angres !
G. (de l'areas) a fait le max et a proposé un point de chute pour ceux qui restent, dans un patelin où ils connaissent
d'autres familles.
Des voisins ont été sympa, ont offert des jus de fruit. Le Père Arthur a acheté plein de nourriture. Plusieurs des
caravanes lui appartiennent. Il dit qu'il envisage de porter plainte.
L'avocat a été tenu au courant par G..
P. a fait la moto balai pour voir où les véhicules allaient être garés.
Plusieurs ont pris des photos.

Suite à ce commentaire de E., La Voix du Nord nous prie d'insérer la précision suivante : la personne qui était présente pour Nord Éclair représentait également La Voix du Nord, étant donné que ces deux quotidiens font partie du même groupe de presse.

P.

Il ne faut pas oublier ce qu'a dit le maire de Dourges ce vendredi 8, après le passage d'Hélène FLAUTRE,
députée européenne; il s'est adressé à une personne du campement en lui disant : vous, partir.
Il ne faut pas oublier le commissaire divisionnaire de Lens, grand utilisateur de la phrase : 
concours de la force publique. Et surtout : il n'est pas question que les Rroms restent dans
le département du Pas-de-Calais. C'est un grand commis de l'Etat ; il aura une bonne note
du Préfet, admirateur de notre président adoré. Ce commissaire a fait preuve d'une inhumanité remarquable.
Plusieurs personnes pourront en témoigner. Le Zorro en personne... qui laisse le maire de Dourges pénétrer
sur le campement pendant les opérations ... qui empêche la députée européenne de voir ce qui se passe sur place.

Bref, la désolation. L'incapacité de réagir car nous n'étions pas encore assez nombreux.

Tout a été déplacé oui détruit. Des photos vous le feront voir. On a déplacé des personnes 400 mètres
plus loin; ce qui a du faire du bruit plus important que d'habitude pour les voisins. On en a profité
pour refaire des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Les personnes (2 familles) en
Centre de Rétention Administrative ont été l'objet d'un rapatriement vers la Roumanie. Cela ne s'est
pas fait car il y a eu intervention de plusieurs personnes. C'était parfaitement illégal mais on n'est
plus à un exploit près de la part d'autorités qui se foutent pas mal des procédures.

L'indignation surtout.

12 avril

Menaces persistantes des flics

Durant l'expulsion du lundi 11 avril, le commissaire de Lens avait bien insisté : il n'est pas question que les Rroms restent dans le département du Pas-de-Calais

Le bougre semble décidé à mettre ses menaces à exécution :

• Sur le camp de Harnes, visite des flics dans l'après-midi : les rroms se sont fait menacer. Ils doivent partir le lendemain, sous peine de voir leur camp détruit. Rappelons que tout cela est illégal. Les flics menacent, jouent les matamores, et, légalité ou pas, cassent tout ---> Attention : cette information est erronnée, et concerne en fait le camp de Dourges, et non de Harnes.
• Sur le camp de Dourges, ou plutôt ce qu'il en reste, mêmes menaces : les flics sont également passés pour dire qu'ils détruiraient les caravanes le lendemain si elles n'étaient pas déplacées.

Corbisez, toute honte bue

Il faut vraiment se pincer pour y croire : dès le lendemain d'une expulsion qu'il a lui même demandée, Jean-Pierre Corbisez, président de la CAHC, s'est soudain découvert une âme de bon samaritain :

• Ce matin, une délégation de Fraternité Rroms investit les locaux de la CAHC à Hénin, avec quelques mamans rroms, et 25 enfants. Jean-Pierre Corbisez, surpris par la forme de cette joyeuse sarabande (si on peut dire : les rroms présents ont passé leur première nuit hors caravanes, détruites la veille), accepte néanmoins de nous recevoir. Il prend alors un rendez-vous avec la direction de la maison de la solidarité de Hénin-Carvin, afin que des aides financières et alimentaires soient débloquées dans l'urgence ! Merci, Monsieur le Président !
• Par ailleurs, il s'engage à questionner les maires de la CAHC, pour qu'ils mettent à disposition une salle afin que les familles soient accueillies le temps d'une mise à disposition d'un autre terrain. On est en plein surréalisme ! Une suggestion : le même Jean-Pierre Corbisez est également maire de Oignies. Pourquoi ne pas régler cette question sur Oignies ?
• Suite aux menaces des flics de continuer leurs destructions (voir ci-dessus), nous avons joint Jean-Pierre Corbisez par téléphone. Il s'engage à appeler le commissaire divisionnaire de Lens à ce sujet et à nous tenir informés. Il précise que la police ne peut pas venir casser les caravanes !!
• Et nous gardons le meilleur pour la fin : La CAHC a fait livrer un camion de denrées alimentaires cet après-midi. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai quand même pas envie de dire merci !

Les élus du bassin minier : quelle boussole politique ?

La question vaut d'être posée concernant les rroms qui campent sur le territoire. Typiquement, quant on n'a pas de boussole politique, quand on a perdu son âme politique, on est incapable de prendre des décisions cohérentes.

Nous relatons ci-dessous le témoignage d'un membre du collectif Fraternité Rroms, à propos de la réunion qui s'est tenue à la maison de la solidarité d'Hénin, avec un élu du territoire, conseiller général.

S.

Nous avons été reçus en délégation par Mr LEFEBVRE directeur de la MDS Hénin Carvin et Mme Sabine VAN HEGHE,
Conseillère Générale du canton de Leforest cet après-midi.
Nous y avons présenté le collectif et brossé la situation actuelle des rroms de Dourges suite à l'expulsion
et exposé nos demandes : que la Conseillère Générale pèse de tout son poids pour la recherche de mise à 
disposition de terrain sur le territoire de la CAHC afin de ne pas laisser les familles dehors.
Elle s'y engage et est convaincue qu'il faut mettre à l'abri les enfants.
Elle confirme que les aides individuelles du Conseil Général pourront continuer  (alimentaires, AFASE,... 
comme cela avait été initié avec G. de l'AREAS).
Elle propose également que le Conseil Général participe à l'achat de caravanes par des aides individuelles
directes : à charge pour nous de faire remonter les demandes auprès de M. LEFEBVRE afin qu'il monte les
demandes financières.
Elle sollicite de son côté JP CORBISEZ pour qu'une table ronde soit vite organisée (en y associant l'état).
Elle nous suggère d'ailleurs d'alller en sous-préfecture pour demander comment on fait maintenant et dans
l'urgence pour mettre à l'abri les familles dont les caravanes ont été détruites.
Elle partage l'idée que les élus locaux ne doivent plus tomber dans le panneau des directives gouvernementales
et ne plus être à l'initiative d'expulsions comme celle d'hier.
Nous l'avons informée de la manifestation de samedi, l'invitant à se joindre à nous.

Elle partage l'idée que les élus locaux ne doivent plus tomber dans le panneau des directives gouvernementales et ne plus être à l'initiative d'expulsions comme celle d'hier. Tout est dit... En fait c'est très simple :

• Il s'agit d'avoir une ligne politique : Les Rroms sont nos frères, ils sont les bienvenus chez nous !
• Il convient d'appliquer cette ligne politique, même par gros temps, même quand le fond de l'air sarkozyste est brun, même quand on est dans l'agglomération d'élection de La Pen.

La soirée du 12 avril est consacrée à réinstaller de nouvelles tentes.

Ci dessous le témoignage de P., membres de Fraternité Rroms

P.

Avant l'intervention des cow boys, ce lundi 11 avril, ce n'était pas terrible mais il y avait un petit quelque chose :
il y avait un bâtiment avec un toit : les Rroms avaient aménagé un petit coin cuisine.
Il y avait une benne pour les ordures.
Il n'y avait pas de problème important avec les voisins car il n'y avait pas de passage devant leurs maisons.
Bien sur, il n'y avait pas d'eau, pas de toilettes ; pas de scolarisation
...
On savait que le terrain n'était pas adaptée car il doit servir à autre chose. On demandait un autre terrain ...
on demandait  !!! On voulait discuter avec la commission habitat de la CAHC

ET MAINTENANT

On a tout détruit : plus de bâtiment ; 6 caravanes détruites ; la nourriture restante emportée dans ce
bordel. Il a fallu aller à la recherche de vêtements, de papiers de voiture ...
On a déplacé les trois caravanes restantes deux cents mètres plus loin ; pour y aller, il faut passer
devant les voisins qui commencent à en avoir un peu marre (on peut les comprendre).
Il n'y a plus de benne pour les détritus. Ce qui fait que tout va atterrir dans le champ voisin.
L'agriculteur va pouvoir se plaindre.
L'eau en bouteille sert pour laver le visage, les mains ...
Bien entendu, les policiers, appuyés par leur zorro, commissaire divisionnaire de Lens (celui, inhumain,
qui a souvent les mots concours de la force publique à la bouche), viennent rendre visite pour dire :
demain on détruit tout. Cela peut se passer aujourd'hui.

Le collectif "fraternité Rroms Bassin minier" fait tout ce qu'il peut pour essayer d'atténuer la violence
de cette situation : mise en place de tentes hier soir (des enfants ont dormi dehors la nuit précédente) ;
couvertures ; militants disponibles. Contacts avec différentes autorités .
Hier, avec des femmes et des enfants Rroms, déplacement à la CAHC ; ce qui a permis de rencontrer le 
président de la CAHC et le maire de Dourges ; et la voix du nord ; accueil très correct ; aide en
nourriture et en nécessaire de première urgence ; rencontre aussi avec la maison départementale de la
solidarité.
Le collectif ne peut pas tout. Il en fait déjà beaucoup (il y a aussi un groupe de Rroms à Harnes). 
Il y a tellement à faire.

Le Père Arthur téléphone aussi dans différentes directions ; il a sûrement trouvé une ou des caravanes ;
on peut espérer une aide du conseil général dans ce domaine.

La CAHC et Dourges cherchent ... et ne trouvent rien.

Il faut à tout prix que les structures concernées (CAHC, CG 62, région, mairies, collectif, AREAS ...)
se réunissent au plus vite  pour voir ce qu'il faut faire (on a déjà beaucoup d'idées) et mettre les 
pouvoirs publics devant leur responsabilité ...avant que la situation ne devienne encore plus dramatique.

La sous-Préfète de Lens met toujours la pression. On a toujours peur de l'arrivée inopinée des cow boys.
Cela peut se passer aujourd'hui.
On va demander à être reçus jeudi après midi par la sous-Préfète.

Bien entendu, il n'est pas question d'enlever les tentes montées hier soir... tant qu'il n'y aura pas une
solution raisonnable de repli.

On a perdu beaucoup d'énergie, beaucoup de temps ... pour arriver à pire : c'est le constat de ce matin.

C'est pourquoi il est important de ne pas rater le rendez vous de samedi 16 avril : à 15 heures devant
la mairie de Dourges pour aller à la CAHC (5km à pied) : VENEZ NOMBREUX
Le slogan : plus jamais cela !
On ne peut pas accepter qu'un commissaire dise qu'il ne veut plus de Rroms dans le Pas-de-Calais !

Le but est aussi de pousser l'État à faire ce qui est nécessaire pour que les Rroms vivent dans des
conditions humaines. Ces familles ne demandent pas le Pérou ; elles veulent vivre normalement.

Le but est AUSSI D'ESSAYER de rattraper le coup après cette scandaleuse expulsion lors de ce funeste
lundi 11 avril.

MOBILISONS NOUS TOUS dans la région ; COMME CELA S'EST FAIT A HENIN EN SEPTEMBRE  ET A NORRENT FONTES 
EN JANVIER : ON NE SERA JAMAIS ASSEZ NOMBREUX  POUR CRIER NOTRE INDIGNATION
On a une grande histoire régionale au niveau de la solidarité. On ne peut pas laisser faire ce que
l'État veut nous imposer : expulser, expulser, expulser.
Aujourd'hui, ce sont les Rroms qui sont bien visés.