200903 : Fraternité-migrants mars 2009 : Différence entre versions
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+ | On a pu avoir au téléphone 7 vietnamiens parmi ceux (vraisemblablement 12) qui sont au centre de rétention de Coquelles. Ils sont répartis dans trois zones. On leur a dit qu'ils étaient là pour 15 jours (information non vérifiée), après quoi ils sont expulsables. Ils ont dit qu'on leur reprochait d'être en situation irrégulière. Le soit-disant lien juridique avec les coups de feu tirés sur l'aire d'autoroute il y a quinze jours ne semble plus d'actualité. Celà traduit une fois de plus l'arbitraire le plus complet vis à vis des migrants : 30 sont emmenés en garde à vue à Lille, puis sont relachés et on les retrouve au camp d'Angres - 12 sont emmenés en CRA, et sont menacés d'expulsion. Le pouvoir, et son ministre Besson n'en ont que faire de la justice et des droits de l'homme. Seuls comptent les effets d'annonce, tous aussi inefficaces les uns que les autres : les flux migratoires vont continuer. Le long de l'autoroute, à Angres comme ailleurs, les camps sont de plus en plus remplis. '''Notre société opulente n'en a pas fini avec les conséquences de la misère, de la guerre, de l'exploitation, du réchauffement climatique... dont les premières victimes sont les pays du Sud.''' | ||
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+ | Les vietnamiens emprisonnés à Coquelles ont demandé le statut de réfugié en expliquant leur dénuement et leur isolement (pas de famille, pas de maison) dans leur pays. Trois d'entre eux arrivaient juste d'Allemagne, quand ils ont été raflés à Angres. Ils craignent d'y être renvoyés (c'est là qu'on avait pris leurs empreintes) et disent qu'en Allemagne, ils vont être expulsés vers le Vietnam et qu'à leur arrivée au pays, ils seront internés dans un camp de travail (information non vérifiée, mais cependant confirmée par un des bénévoles de Fraternité Migrants, ressortissant vietnamien.) | ||
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+ | Tous sont paniqués et demandent de l'aide. Nous sommes en contact avec la Cimade et le Gisti pour avancer sur l'ensemble de ces questions. | ||
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+ | == Vendredi 27 mars 2009 : après l'intervention policière == | ||
+ | '''Des nouvelles en vrac :''' | ||
+ | * 12 migrants ont été emmenés au centre de rétention de Coquelle, et sont menacés de reconduite au Vietnam. | ||
+ | * La CIMADE nous fait passer l'info que, selon la police, cette opération à Angres fait suite à une commission rogatoire, un vietnamien ayant été blessé par balle il y a 10 jours. Ce vietnamien est actuellement en Allemagne, et tous les vietnamiens d'Angres ont été placés en garde à vue en attendant que le vietnamien blessé revienne d'Allemagne pour reconnaître son agresseur. C'est donc la raison "juridique" de cette descente à Angres, | ||
+ | * 35 autres migrants (environ) ont été emmenés en garde à vie, à Lille. Leurs sacs et leurs téléphones portables ont été conservés par la police. Tous ces 35 migrants sont à présent revenus au camp. | ||
+ | * Il est possible que les 12 migrants retenus au centre de rétention de Coquelle passent au tribunal de Boulogne samedi 28 mars, ou lundi 30 mars. | ||
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+ | == Jeudi 26 mars 2009 : intervention policière == | ||
+ | '''En vrac, les propos recueillis auprès de témoins : ''' | ||
+ | * Il est 10h00 - 10h30 | ||
+ | * Il n'y a aucun uniforme, uniquement des policiers en civil, avec des Kway de police, et des brassards. | ||
+ | * les voitures : des 206, des OPEL, des 307, pas de fourgon. | ||
+ | * les véhicules sont immatriculés dans le 75, le 94 et également le 59. | ||
+ | * les policiers ont rassemblé les migrants. | ||
+ | * la rue est fermée au niveau de l'entrée du chemin des vaches, à l'endroit où elle fait une fourche avec la rue qui mène à Aix. | ||
+ | * les migrants sont regroupés et attachés ensemble, mains dans le dos, en file, "comme du bétail" (expression d'un témoin, qui traduit toute la délicatesse des forces du désordre). | ||
+ | * les migrants sont debout, frigorifiés, sous la pluie. | ||
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+ | D'autres propos recueillis auprès de témoins : ''l'intervention policière n'a rien de militaire : il n'y a pas de chiens, pas de treillis; il s'agit d'un gros coup de filet, pour permettre à Besson et à la police de faire remonter des chiffres et annoncer que la situation est sous contrôle.'' | ||
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+ | '''La suite : ''' | ||
+ | * En soirée, on ne sait pas combien de migrants ont été emmenés, ni où. Il est vraisemblable que tous les migrants qui se trouvaient au camp ont été emmenés. | ||
+ | * L'action des bénévoles se poursuit : l'équipe qui devait assurer le repas du soir s'est rendue au camp. Quelques migrants s'y trouvaient, tous sous le choc. Ils n'ont pas été impliqués dans la rafle, car ils n'étaient pas sur place à l'heure dite. Le camp n'a pas été touché : tout est en l'état, sans dérangement. | ||
+ | * Les initiatives pour savoir où ont été emmenés les migrants, et leur apporter notre soutien se mettent en place (contacts en cours avec le MRAP et la Cimade). | ||
== Week-end des 21 et 22 mars 2009 == | == Week-end des 21 et 22 mars 2009 == |
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Sommaire
Dimanche 29 mars 2009
On a pu avoir au téléphone 7 vietnamiens parmi ceux (vraisemblablement 12) qui sont au centre de rétention de Coquelles. Ils sont répartis dans trois zones. On leur a dit qu'ils étaient là pour 15 jours (information non vérifiée), après quoi ils sont expulsables. Ils ont dit qu'on leur reprochait d'être en situation irrégulière. Le soit-disant lien juridique avec les coups de feu tirés sur l'aire d'autoroute il y a quinze jours ne semble plus d'actualité. Celà traduit une fois de plus l'arbitraire le plus complet vis à vis des migrants : 30 sont emmenés en garde à vue à Lille, puis sont relachés et on les retrouve au camp d'Angres - 12 sont emmenés en CRA, et sont menacés d'expulsion. Le pouvoir, et son ministre Besson n'en ont que faire de la justice et des droits de l'homme. Seuls comptent les effets d'annonce, tous aussi inefficaces les uns que les autres : les flux migratoires vont continuer. Le long de l'autoroute, à Angres comme ailleurs, les camps sont de plus en plus remplis. Notre société opulente n'en a pas fini avec les conséquences de la misère, de la guerre, de l'exploitation, du réchauffement climatique... dont les premières victimes sont les pays du Sud.
Les vietnamiens emprisonnés à Coquelles ont demandé le statut de réfugié en expliquant leur dénuement et leur isolement (pas de famille, pas de maison) dans leur pays. Trois d'entre eux arrivaient juste d'Allemagne, quand ils ont été raflés à Angres. Ils craignent d'y être renvoyés (c'est là qu'on avait pris leurs empreintes) et disent qu'en Allemagne, ils vont être expulsés vers le Vietnam et qu'à leur arrivée au pays, ils seront internés dans un camp de travail (information non vérifiée, mais cependant confirmée par un des bénévoles de Fraternité Migrants, ressortissant vietnamien.)
Tous sont paniqués et demandent de l'aide. Nous sommes en contact avec la Cimade et le Gisti pour avancer sur l'ensemble de ces questions.
Vendredi 27 mars 2009 : après l'intervention policière
Des nouvelles en vrac :
- 12 migrants ont été emmenés au centre de rétention de Coquelle, et sont menacés de reconduite au Vietnam.
- La CIMADE nous fait passer l'info que, selon la police, cette opération à Angres fait suite à une commission rogatoire, un vietnamien ayant été blessé par balle il y a 10 jours. Ce vietnamien est actuellement en Allemagne, et tous les vietnamiens d'Angres ont été placés en garde à vue en attendant que le vietnamien blessé revienne d'Allemagne pour reconnaître son agresseur. C'est donc la raison "juridique" de cette descente à Angres,
- 35 autres migrants (environ) ont été emmenés en garde à vie, à Lille. Leurs sacs et leurs téléphones portables ont été conservés par la police. Tous ces 35 migrants sont à présent revenus au camp.
- Il est possible que les 12 migrants retenus au centre de rétention de Coquelle passent au tribunal de Boulogne samedi 28 mars, ou lundi 30 mars.
Jeudi 26 mars 2009 : intervention policière
En vrac, les propos recueillis auprès de témoins :
- Il est 10h00 - 10h30
- Il n'y a aucun uniforme, uniquement des policiers en civil, avec des Kway de police, et des brassards.
- les voitures : des 206, des OPEL, des 307, pas de fourgon.
- les véhicules sont immatriculés dans le 75, le 94 et également le 59.
- les policiers ont rassemblé les migrants.
- la rue est fermée au niveau de l'entrée du chemin des vaches, à l'endroit où elle fait une fourche avec la rue qui mène à Aix.
- les migrants sont regroupés et attachés ensemble, mains dans le dos, en file, "comme du bétail" (expression d'un témoin, qui traduit toute la délicatesse des forces du désordre).
- les migrants sont debout, frigorifiés, sous la pluie.
D'autres propos recueillis auprès de témoins : l'intervention policière n'a rien de militaire : il n'y a pas de chiens, pas de treillis; il s'agit d'un gros coup de filet, pour permettre à Besson et à la police de faire remonter des chiffres et annoncer que la situation est sous contrôle.
La suite :
- En soirée, on ne sait pas combien de migrants ont été emmenés, ni où. Il est vraisemblable que tous les migrants qui se trouvaient au camp ont été emmenés.
- L'action des bénévoles se poursuit : l'équipe qui devait assurer le repas du soir s'est rendue au camp. Quelques migrants s'y trouvaient, tous sous le choc. Ils n'ont pas été impliqués dans la rafle, car ils n'étaient pas sur place à l'heure dite. Le camp n'a pas été touché : tout est en l'état, sans dérangement.
- Les initiatives pour savoir où ont été emmenés les migrants, et leur apporter notre soutien se mettent en place (contacts en cours avec le MRAP et la Cimade).
Week-end des 21 et 22 mars 2009
Un des bénévoles de Fraternité Migrants Bassin Minier 62, le père Michel, est venu rencontrer nos amis migrants, en compagnie de Soeur Elisabeth, qui est elle-même d'origine vietnamienne. Durant plusieurs heures, aux douches et au camp, les discussions ont été riches, et souvent émouvantes, entre les bénévoles, les migrants, et leur compatriote religieuse. Concernant justement les aspects religieux, nous avons ainsi découvert que les vietnamiens (tout au moins ceux qui sont croyants) pratiquent soit la religion catholique, soit le culte des ancêtres. À l'occasion de la venue du père Michel et de soeur Élisabeth, les catholiques se sont informés des horaires des messes à Angres. Dès le lendemain matin, dimanche, certains d'entre-eux participaient à l'office religieux.
Samedi 21 mars 2009
Une des bénévoles de Fraternité Migrants Bassin Minier 62 participe à la réunion de la CFDA (Coordination Française pour le Droit d'Asile), à Calais. Elle a notamment pu aborder les aspects spécifiques liés aux migrants sur Angres. Ci-dessous son compte-rendu "à chaud" :
Conformément à l'ordre du jour, la matinée a été consacrée à la présentation des actions des associations (C'sur et Salam de Calais, Salam de Dunkerque, Terre d'Errance de Norrent-Fontes, Terre d'Errance de Steenvoorde, Itinérance de Cherbourg, Collectif des exilés de Paris 10ème, Salam et Emmaüs de Saint Omer, La Cimade, Médecins du monde, Amnesty international...). Bien entendu, un grand nombre d'actions des différentes associations sont semblables aux nôtres: aides alimentaire et vestimentaire, douches, accueil grand-froid. Par contre, j'ai noté un certain nombre d'actions qui pourraient peut-être, à l'avenir, être transposées à Angres ( certaines d'entre elles sontdéjà en germe dans nos actions quotidiennes) : => Etablir un dialogue avec les autorités (sans doute déjà amorcé par Amnesty International: campagne de lettres aux parlementaires sur la base des 19 recommandations du CFDA). => Etablir un dialogue avec les pouvoirs publics. => Sensibilisation des riverains. => Information des migrants sur leurs droits. => Information sur le droit d'asile. => Accompagnement à l'asile (système de parrainages). => Alphabétisation. => Rappels à l'ordre des hôpitaux pour faire fonctionner la PASS (Permanence accès aux soins de santé). => réseau de médecins qui font des actes gratuits. => Analyse de la législation pour les mineurs. À l'occasion des diverses interventions ont resurgi de manière lapidaire les problèmes liés à la lutte contre l'immigration : - Exactions policières à l'encontre des migrants ( à Calais, arrestations à proximité des lieux de distribution des repas ou des lieux médicaux), - Augmentation de la pression sur les bénévoles, - Insuffisance des moyens mis à disposition, - Tensions entre les différentes communautés, - Difficultés pour informer les migrants sur leurs droits, - Obstacles au droit à l'asile ... Parmi les interventions des uns et des autres, il m'a semblé que l'exemple de Steenvoorde pouvait être assez instructif car éventuellement transposable à Angres en cas d'intervention policière musclée. En effet, après une interpellation très dure après laquelle les migrants se sont trouvés dispersés, la municipalité a bien voulu accorder son soutien en prêtant un terrain où ont été installées deux tentes de couchage et une tente d'aide de vie. Il serait donc possible de demander l'appui du maire pour obtenir un terrain communal à l'exemple d'autres communes. Pendant le temps du midi, j'ai pu discuter de la spécificité du problème vietnamien avec un représentant de la Cimade ( Andry Ramaherimanana) qui a pu m'éclairer sur certains points: => En chiffres, les vietnamiens sont classés 4ème dans les centres de rétention, ils ne sont donc pas minoritaires. => Le principal réseau passe par l'Allemagne. => Ils pourraient tenter une demande d'asile à condition que leurs empreintes n'aient pas été relevées en Allemagne ou dans un autre pays où ils auraient transité (Règlement Eurodac). => En général, les vietnamiens se replient sur eux-mêmes. Ils sont ressentis par Andry comme une communauté à part. Ils se confient rarement et c'est souvent difficile de les aider même en présence d'un bon interprète. Ceci dit, je ne voudrais pas nous décourager. Il me semble au contraire que nous avons fait un travail exemplaire de mise en confiance de personnes en détresse d'une sensibilité différente de la nôtre. Le programme de l'après-midi (Identification de thématiques et d'outils à partir desquels un travail commun sur le long terme pourrait être envisageable) s'est révélé beaucoup plus laborieux. Une discussion à bâtons rompus a fait émerger un tas de problèmes particuliers impossibles à traiter en l'espace d'un après-midi. A l'issue des différentes interventions sont apparus : => Un besoin d'information juridique (Un calendrier de formation à l'attention des bénévoles pourrait être proposé par la Cimade). => Un projet de création d'un espace sur le net ( liste de discussion, portail, site...) avec des groupes de discussions autour de cinq thématiques principales: - Violences policières - Délit de solidarité - Asile - Accueil digne et inconditionnel - Le problème des mineurs Il s'agit d'engager une réflexion sur le long terme. Néanmoins,sur le court terme, il faudrait aussi pouvoir opposer la réalité du terrain au discours d'Eric Besson qui doit revenir prochainement à Calais.
Le camp, en mars 2009
À voir dans la galerie photos ci-dessous :
- Nettoyage du camp
- Construction de WC
- Installation d'une nouvelle chambre
- Séance coiffure
- Déplacement de l'autel
- Nettoyage du chemin d'accès
- Préparation de repas
- Apport de soupe par les bénévoles
- Pause café
Manifeste pour la liberté d'action humanitaire
Suite à l'arrestation d'une bénévole de Terre d'Errance, bénévole au camp de migrants de Norrent-Fontes (voir Solidarité avec Monique Pouille), les représentants de différents collectifs (dont des bénévoles d'Angres), ont convenu de faire signer un Manifeste pour la liberté d'action humanitaire.
En voici le texte :
MANIFESTE POUR LA LIBERTÉ D'ACTION HUMANITAIRE
Nous, organisations et citoyens soussignés, condamnons sans réserve la criminalisation des hommes et femmes solidaires des migrants. Nous sommes scandalisés par les mises sur écoute, les intimidations et les arrestations dont ils sont victimes. Nous soutenons et soutiendrons toutes celles et ceux qui sont ou seront inquiétés par les autorités pour avoir tendu la main à des hommes et des femmes innocents, abandonnés dans nos fossés par les états européens. Nous demandons la mise en place d’une nouvelle politique de l’immigration, une politique à visage humain, soucieuse de la dignité et des libertés de chacun. Le drame de l'après-Sangatte a trop duré.
À télécharger :