La réaction de Michel Delannoy : Différence entre versions
(→Réaction de l'abbé Michel Delannoy membre de Terre d’Errance, le 26 février 2009) |
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Arrestation de Monique Pouille
Réaction de l'abbé Michel Delannoy membre de Terre d’Errance, le 26 février 2009
De qui se moque-t-on ?
L’interpellation ce matin de Monique Pouille à son domicile à Norrent-Fontes, la perquisition de sa maison et sa mise en examen à la PAF de Coquelles sont une insulte à l’investissement de tous les bénévoles qui œuvrent au sein des associations humanitaires.
Monique depuis plusieurs années ne compte pas son temps et son énergie pour que recule la honte des camps de réfugiés qui s’implantent dans notre région. Les droits de l’homme sont bafoués encore une fois par cette interpellation. Monique relève, avec d’autres bénévoles, le défi d’une humanité qui se doit d’être respectée. Une attention, un sourire, un encouragement, une compréhension, l’apport de denrées alimentaires, de couvertures, de bois de chauffage etc. sont-ils répréhensibles au regard de la loi ?
Ah oui ! dira-t-on, et les portables qu’elle rechargeait chez elle ? Ah oui… ces fameux portables qui permettent de rester en contact avec la famille, de parler à un ami, qui permettent d’écouter la musique de son pays, qui apportent une relative sécurité dans un moment où l’on n’est plus rien. Qu’y a-t-il de dérangeant à recharger des portables ?
On nous dira que certains de ces portables appartiennent aux passeurs. Et alors ? De qui se moque-t-on ? Est-ce que, quand vous aidez quelqu’un qui est dans la misère, vous lui demandez ses papiers, vous lui demandez s’il aide au passage des clandestins ? Il n’est pas du rôle de l’association et de ses membres d’enquêter sur qui est qui. La police, la gendarmerie sont bien au courant des agissements des uns et des autres. Là encore c’est la politique du chiffre qui prime. M. Besson a demandé qu’on intensifie la lutte contre les réseaux mafieux, et la police arrête une simple habitante qui a un cœur d’or et qui n’en peut plus de voir des jeunes qui ont l’âge de ses fils passer devant sa maison en bravant le froid. Il est certainement plus facile de rester au chaud chez soi devant son écran que d’agir.
Heureusement que dans notre monde il y a encore des Monique, des Jérémy aussi.
Monique n’a rien fait de mal. Par ailleurs, elle n’a jamais refusé de dialoguer avec la gendarmerie et les renseignements généraux, elle agit, comme tous les membres de Terre d’errance, en toute transparence.
La police dit vouloir lutter contre les passeurs ? Mais qui sont-ils ? A-t-elle cherché à le comprendre ? Ils sont le fruit d’une politique honteuse de l’immigration en Europe et dans le monde qui n’offre aucun secours à des hommes et des femmes qui n’aspirent qu’à la paix, à une vie décente. Si l’on refuse l’intégration de ceux qui aspirent à la liberté, si l’on ferme les frontières, si l’on durcit les politiques d’accueil de ceux qui fuient leurs pays, il ne faut pas s’étonner de voir les réseaux mafieux se multiplier. Les jeunes qui s’embarquent dans ces filières à Norrent-Fontes ou ailleurs le font pour envoyer de l’argent à leur famille dans le besoin et pour se procurer un peu de bien-être tant est difficile la vie de ceux qui sont rejetés sur les routes depuis plusieurs années. Ce ne sont pas ceux-là qu’il faut arrêter. C’est bien mal connaître le terrain que d’incriminer ces jeunes victimes.
Jérémy a également été entendu par la police hier. À l’heure où l’on se plaint de l’apathie des jeunes, de leur désintéressement des questions de société, voilà un jeune qui en responsable prend à cœur le sort de ces migrants qui pour beaucoup ont le même âge que lui. Et on lui jette la pierre ! Mais de qui se moque-t-on encore ? Où va notre société ? Une société où les pauvres sont maltraités et où les riches jonglent avec des millions qu’ils ont parfois détournés sans être inquiétés !
Monique, Jérémy et beaucoup d’autres bénévoles qui œuvrent à Norrent-Fontes, à Steenvoorde, à Calais et ailleurs devraient recevoir la médaille de l’encouragement au bien, une médaille qu’ils n’attendent d’ailleurs pas.
Mesdames et Messieurs les hommes et femmes politiques qui avaient reçu mandat des électeurs allez-vous laisser faire des choses si outrageuses sans que votre respect soit atteint ?
Et nous, citoyens de tous bords, de toutes races, de toutes appartenances religieuses, allons- nous encore longtemps rester témoins de tels agissements sans manifester notre mécontentement ?
Nous voulons une société plus juste dans l’accueil des populations, dans le partage des richesses, il est grand temps de le manifester.
Abbé Michel Delannoy, membre de l’association Terre d’Errance